Rosalba Galvagno
Le sacrifice du
corps
Frayages du fantasme
dans les Métamorphoses
d'Ovide
Textes traduits du latin par Danièle Robert
La métamorphose prend sa consistance imaginaire dans
le trajet qui va de l'écriture fondamentale du fantasme
(Orphée) à son nouage (Narcisse). Ce mouvement n'est
jamais linéaire mais soumis à la loi du récit
mythologique où la métamorphose noue un désir qui
serait, sans cela, voué à la fuite éternelle ou à la
mort, et donne son dénouement (nommé catastrophé
dans la tragédie) qui révèle au lecteur la place
vulnérable d'où le Sujet parle et écrit : la
blessure ouverte par le travail d'écriture même,
devenue symptôme du désir qui fonde un Sujet. |
Rosalba Galvagno enseigne la théorie de la
littérature à l'université de Catane. Elle est
l'auteur d'un essai : Pizzute e lo spazio della
scritura (Sicania, 1990), ainsi que de nombreux
textes critiques (in Dizionario Biografico degli
Italiani, Misure critiche, Italianistica, Nuove
Effemeridi, Le Trimestre psychanalytique, Littoral)
et d'un ouvrage à paraître : Les Voyages de
Freud en Grande-Grèce. Elle prépare, par ailleurs,
un nouvel essai : La Figure de la femme dans la
littérature de la Renaissance. |
Danièle Robert est l'auteur d'un essai sur Billie Holiday (Les Chants de l'aube de Lady Day, Le temps qu'il fait, 1993) et d'une anthologie consacrée aux poètes lyriques latins (Action poétique, 1990). Elle a traduit, entre autres, les Tusculanes de Cicéron (Devant la mort, Devant la souffrance, Arléa, 1991) et l'Art d'aimer, d'Ovide (La Différence, coll. "Orphée", 1991). Elle travaille actuellement à une nouvelle traduction des Métamorphoses. |
1. Fantasme et métamorphose 2. Deux
figures majeures du fantasme : 3. Destins du fantasme féminin 4. Les récits de l'inceste 5. L'écriture d'un impossible à dire 6. L'inscription florale 7. L'épitaphe 8. L'adresse et le manque 9. Le Carmen perpetuum |
"La métamorphose, en tant que noeud textuel
fondamental, prend sa consistance imaginaire dans le
trajet qui va de l'écriture fondamentale du fantasme
(Orphée) à son nouage auroral (Narcisse). Ce mouvement
n'est jamais linéaire ; il est soumis à la loi
récursive du récit mythologique et la métamorphose y
occupe une fonction nodale : tout en nouant un désir,
qui serait autrement voué à la fuite éternelle ou à
la mort, elle donne les éléments de son dénouement
(nommé catastrophé dans la tragédie), qui
révèle au lecteur la place vulnérable d'où le Sujet
parle et écrit, lieu d'une blessure ouverte par le
travail d'écriture et cicatrisée par cette écriture
même, désignant sa pratique comme symptôme au sens
fort du terme - soit le désir qui fonde un Sujet."
(p.140) |
"La transgression de la loi est, chez Ovide, moins un défi lancé à la morale établie qu'une nécessité de la pulsion, voire du désir, ainsi que le projet sacrificiel du fantasme nous l'apprend ; ici, le savoir poétique et le savoir psychanalytique se rejoignent. De même, lorsque le poète nous montre des personnages en proie aux plus affreux délires, aux passions les plus folles, il partage toujours leurs conflits et leur souffrance, il reconnaît dans leurs actes ou leurs sentiments une nécessité qui n'est pas de l'ordre de la pure folie. Et, à partir de la reconnaissance des affects les plus intenses et inquiétants qui emportent les êtres amoureux, il tente de les analyser et de leur accorder la possibilité d'une câtharsis. Cet espace du désir, purifié de sa densité pulsionnelle, de son furor (les pathémata), est celui qui s'ouvre au-delà du miroir, qui permet la mise en abyme du fantasme et l'accession à un devenir autre pour vivre son destin." (p.141-142) |
Le sacrifice du corps
de Rosalba Galvagno - 154 pages, 18,29 - ã Panormitis